Compte-rendu du GT Eco-Gestion du 06 Octobre 2023

 

09.00-17.00
Lieu : Université Paris-Panthéon Assas
Présents : Célia Atzeni, Fanny Domenec, Mathilde Gaillard, Laurence Harris, Philippe Millot, Catherine Resche, Michel Van der Yeught,
Excusée : Séverine Wozniak


Introduction


Réflexions sur l’avenir du GT :
Les collègues souhaitent réinstaurer l’idée d’avoir un thème par GT où chacun amène sa pierre à l’édifice. L’accent serait mis sur des thématiques plus professionnelles, des domaines professionnels sur lesquels se concentrer. Cela semble pertinent puisque beaucoup de masters d’éco sont en apprentissage. A ce sujet, certains collègues expriment le regret de ne pas aller dans les entreprises.
Il est suggéré d’imaginer un format plus court, d’une demi-journée par exemple, pour le GT.

Thématiques possibles : logistique, gestion des stocks, critères ESG, recrudescence du terme « human capital », notion de « accountability » (droit, éco, humain) ou de « stakeholders ». La création de nouveaux postes (chief happiness officer ou chief ethics officer) est également abordée.
Un meilleure articulation entre le GERAS et des questions sociétales pourrait permettre d’attirer du public.
Prochain GT en mars 2024 : identifier une thématique.

Changement de nom pour le GT ?
2 options sont envisagées si cette solution était adoptée :
•    Langues et cultures des affaires et des organisations
•    Anglais des affaires et des organisations (NB : l’ajout d’organisations permet d’inclure les domaines public, privé, RH).
Ex : Boss free culture - parler de l’histoire des organisations en cours de langue des affaires.



1. Poursuite des réflexions engagées au cours des précédents GT sur le réenfouissement de l'économie dans les pratiques sociales et environnementales

[Tous les membres du GT sont invités à soumettre un document ou une réflexion sur ce thème]

1.1. Michel Van der Yeught : Remarques sur deux articles récemment parus dans Le Monde des 10/11 septembre 2023 (Idées, p. 30)

•    « La grande imposture du business responsable », Florence Palpacuer, PR de gestion à Montpellier Management
•    « De la financiarisation à la "sociétalisation" des entreprises », Pierre-Yves Gomez, PR émérite Emlyon Business School
Ces deux articles s'inscrivent dans la réflexion que nous avons engagée sur le réenfouissement en cours de l'économie dans les pratiques sociales liées à l'écologie, la santé, les conflits, etc. F. Palpacuer cite même Polanyi et son « ré-encastrement » (ce que nous appelons « réenfouissement »), mais le processus semble être nommé « sociétalisation » par les deux auteurs.
Pour F. Palpacuer, la « sociétalisation » affichée par les politiques « socialement responsables » des entreprises est purement fictive car elle comprend une « marchandisation de l'éthique » tout aussi dommageable que la marchandisation du travail, de la nature et de la monnaie naguère dénoncée par Polanyi.
P.-Y. Gomez met l'accent sur la finance et suit en gros notre analyse sur la prédominance de la finance lors du consensus de Washington.
La finance s'était alors auto-instituée comme une partie prenante orientant la dynamique économique, mais aussi la pertinence des choix politiques. La financiarisation était présentée comme l'avenir radieux d'un monde global, spéculatif et hyper-consommateur. En trente années [1970-1990] aucun espace privé ou public ne lui a échappé. [...]
[Cependant] le krach brutal de 2008 a laissé apparaître ses dangereuses contradictions.
[Elle] a dû abdiquer sa prétention idéologique a donner le sens à la croissance et au progrès. Si la finance demeure, la financiarisation dépérit.
D'où émerge la « sociétalisation » du capitalisme .
L'auteur ne se prononce pas clairement sur les issues possibles de cette « sociétalisation » en cours. Il cite Antonio Gramsci (1891-1937), « Le vieux monde meurt et le nouveau monde ne peut pas encore naître », mais la conclusion de la citation sonne de façon inquiétante : « dans cet entre-deux se produisent toutes sortes de phénomènes pathologiques ».
Un large débat est en train de se développer sur la « sociétalisation » de l'économie et P.-Y. Gomez est l'un de ses acteurs les plus dynamiques.


    1.2. Laurence Harris

[1] https://www.cairn.info/revue-du-mauss-2007-1-page-241.htm
[2] https://academic.oup.com/cje/article-abstract/43/4/805/5488928?redirectedFrom=fulltext
[3] https://www.cairn.info/revue-francaise-de-socio-economie-2022-1-page-91.htm
 
Laurence Harris a tout d’abord proposé l’article [1] qui revient sur l’ambiguïté et la genèse de la notion d’ « encastrement » chez Karl Polanyi. Une économie n’existe pas sans les conditions institutionnelles et sociales qui la permette. Toute économie est ainsi nécessairement encastrée. Il y aurait sans doute deux Polyanyi. Celui qui écrit La grande transformation en 1944 est polémiste et aura sans doute voulu peser sur les débats politiques avant la fin de la guerre.
Elle a ensuite abordé l’économie des plateformes par l’étude de deux publications. L’article [2] expose ce modèle, également désigné par les termes d’économie de partage ou de collaboration, comme une nouvelle forme du capitalisme qui repose sur l’algorithme et le pouvoir de séduction d’un fondateur charismatique. En comparaison avec l’économie traditionnelle, les plateformes n’utilisent pas leurs propres ressources et contribuent au désencastrement dont il est question chez Polanyi. Plateformisation et financiarisation seraient l’avers et le revers d’un même phénomène qui conduit à l’« ubérisation » du travail.
L’article [3] aborde l’alternative au capitalisme de plateforme dans une logique de réencastrement polanyien. Rappelant le « double mouvement » que met en lumière Polanyi, des contre-mouvements émergent sous la forme de plateformes coopératives reposant sur des principes qui permettent de dépasser les seuls échanges marchands. Le principe marchand est mis au service de la logique réciprocitaire en fédérant des communautés. Le réencastrement qu’elles proposent opère à plusieurs échelles, dont une dimension territoriale (cette conception spatiale de l’encastrement conduit les auteurs à suggérer la traduction d’ « ancrage » pour embededness).  Des initiatives aux niveaux micro et meso de réencastrement « soft » (réseau de relations interpersonnelles) pourraient conduire au réencastrement « hard » (normatif ou légal) au niveau macro.


2. Présentation et échanges autour de la création d'un axe de recherche consacré à l'impact des questions RSE sur la régulation des entreprises au sein du CERSA (Université Paris-Panthéon Assas)


[Présentation par les membres du Pôle Langues investis dans le projet et discussion]



3. Présentation du colloque Banques Centrales et bien commun (19 janvier 2024)

[Présentation par Laurence Harris, Université Sorbonne Nouvelle]


4. Questionnement sur l'évolution de nos pratiques de recherche et d'enseignement en réponse aux opportunités et aux défis que représente l'IA (entre autres, ChatGPT!)

[Tous les membres du GT sont invités à soumettre un document ou une réflexion sur ce thème]

Célia Atzeni présente une réflexion sur l’IA générative :

Crosthwaite, P., & Baisa, V. (2023). Generative AI and the end of corpus-assisted data-driven learning? Not so fast!. Applied Corpus Linguistics, 3(3), 100066.

L’article s’interroge sur l’usage des IA génératives (ChatGPT et autres) dans l’enseignement et l’apprentissage des langues, et soutient l’idée que ces intelligences artificielles ont le potentiel d’aider à démocratiser l’apprentissage guidé par les données : elles offrent en effet une meilleure accessibilité et une plus grande facilité d’utilisation pour les étudiants, que ce soit pour un travail autonome en leur permettant par exemple de demander des explications sur des mots de vocabulaire ou de reformuler des textes, ou en TD de langue où elles peuvent intervenir comme outils dans le cadre d’une activité. Comme les IA génératives reflètent les données qui ont servi pour leur entraînement, elles donnent un accès immédiat à des milliards de données langagières sans besoin de connaissances préalables, contrairement aux données de corpus. Cependant, il est important de garder en tête les limites des IA, comme le fait qu’elles produisent leurs réponses selon un modèle statistique, que leurs sources d’entraînement ne sont pas connues, qu’elles sont sujettes à des hallucinations et posent parfois des problèmes éthiques, là où les corpus proposent des données authentiques, contextualisées et réplicables. En conclusion, l’article avance qu’il ne sera de toute façon pas possible d’échapper à l’explosion de l’IA, et qu’il y a un intérêt positif à l’introduire dans l’apprentissage des langues en l’ajoutant à la liste des outils pédagogiques utilisables par les enseignants.



5. Suivi des projets engagés avec le GT DidAsp (cas de la revue HBR; projet sur les indices boursiers)

Point sur l'article « Comment appliquer la transposition didactique en anglais financier : le cas des indices boursiers »
Auteur/e/s   Michel Van der Yeught ; Evguenyia Lyu ; Aude Labetoulle ; Catherine Resche
Cet article fait suite à une publication dans ASp 83, « Propositions pour théoriser la transposition didactique en langues de spécialité : l’approche intentionnelle » (Van der Yeught & Lyu 2023) et offre une application pratique de la transposition didactique en anglais financier.
Le canevas général de l'article a été rédigé et 3 fiches pédagogiques préparées.
Trois autres fiches sont attendues et un travail d'échange et d'enrichissement mutuel est en cours.
Calendrier : travail rédactionnel restant et finalisation jusqu'à Noël 2023. Soumission au comité éditorial de la revue ASp début 2024 pour une publication la même année si possible.

Points divers
Le mandat de Fanny Domenec pour la responsabilité du GT Economie-Gestion arrive à échéance en mars 2024.


Les candidatures sont ouvertes, n’hésitez pas à vous manifester auprès de Fanny Domenec (fanny.domenec (at) u-paris2.fr) et de Séverine Wozniak (severine.wozniak (at) univ-lyon2.fr).