GT Eco-Gestion 23/03/2023

 

Présents : Celia Atzeni, Fanny Domenec, Mathilde Gaillard, Catherine Resche, Michel Van der Yeught

Excusés : Laurence Harris, Séverine Wozniak

  1.  GT Eco-Gestion

Poursuite des réflexions sur l’avenir du GT

Suite aux propositions faites par Michel Van der Yeught au sujet du "réenfouissement de l'économie dans les pratiques sociales" (cf CR GT EG sept2022 en pj), chaque membre du GT pourrait présenter un exemple (cas d'étude sur une entreprise en particulier ; article de presse ou de recherche; contenu didactisé ou autre) en lien avec cette thématique.
Des interventions pourraient également s'interroger sur la façon dont nous pouvons attirer de nouveaux collègues en nous concentrant sur ces thématiques.

Michel van der Yeught (MVDY) se penche sur The Great Transformation (Karl Polanyi, 1944) : lors de la Révolution Industrielle, un changement très profond a eu lieu : depuis des temps immémoriaux, l’économie était enfouie dans les pratique sociales (politique, éducation, conflits religieux, etc.).

Progressivement, l’économie est sortie des pratiques sociales et l’économie de marché a donné lieu à une société de marché (cf Detroit, prolétariat, etc.) ; Depuis les années 1980, Reagan et Thatcher ont encore plus désenfoui l’économie. A partir de Thatcher, re-désenfouissement accéléré ; crises financières, crises boursières successives. MVDY parle d’une spécialisation dans l’histoire de Wall Street. Toutes les pratiques de la société sont tombées dans la loi de l’offre et de la demande, tout a eu un prix. Inversion du désenfouissement (crise du Covid, guerre en Ukraine) ; au fil de ces événements (cygne noir), l’économie, au lieu de se désenfouir, se trouve remise au service de quelque chose de différent de l’économie. Cela donnerait lieu à un réenfouissement accéléré de l’économie.

Notre GT devrait en prendre conscience de façon à se réorienter et à être en accord avec l’évolution de la société.

Michel Van der Yeught revient sur le projet politique hyper-thatcherien de l’éphémère première ministre Liz Truss, qui illustre l’aveuglement d’une partie des conservateurs britanniques sur les mutations profondes du contexte économique : en période de réenfouissement accéléré de l’économie, ce package libéral désenfouisseur était en contradiction totale avec l’actualité.

 

“Big, Green and Mean”, The Economist, 04/02/2023

Le libéralisme de Reagan-Thatcher a entraîné de la spéculation (cf consensus de Washington).

L’article porte sur l’IRA, l’Inflation Reduction Act. Le sous-titre est « Rosie for riveters » dérivé de la pancarte où l’on voie une femme ouvrière montrer son biceps, image qui peut être mise en relation avec l’optimisme de la Seconde Guerre Mondiale.

MVDY revient sur l’objectif libéral de l’économie qui est au service d’elle-même, de la maximisation des profits. Le libéralisme est aussi lié à un effacement de la réglementation, la main invisible. Les « stars du libéralisme » sont Jack Welch, Steve Jobs, Elon Musk.

Le réenfouissement de l’économie dans les pratiques sociales consisterait en la réindustrialisation, les priorités de sécurité nationale et d’environnement, revitaliser les territoires, s’organise autour d’une forme de planification et de retour du politique (précédemment vu comme sans influence). Il y a aussi beaucoup d’argent public (financement, crédits d’impôt) ; on retrouve une forme de « Managed capitalism » selon Roosevelt.

 

L’intérêt pour le GT est d’élargir. On retrouve la notion d’emploi (professionnel, formation, etc.). On pense également à la politique territoriale et enfin à des questions de diplomatie (crainte des Européens face aux financements distribués par les Américains).

Peut-être que dans le GT Eco-Gestion, l’économie pourrait être réévaluée et vue sous un autre angle. Dans les années précédentes, le GT a accueilli des témoins/commentateurs d’une économie cynique, souvent néfaste pour la santé, peut-être déshumanisante et socialement appauvrissante. Peut-être que cet élargissement nous donnera la vision d’une économie plus écologique, plus éthique, plus respectueuse de l’humain et peut-être que nous verrons que tout n’est pas qu’une question de prix et qu’il existe une forme de transcendance que l’économie doit servir.

All this marks a huge reversal. For the past 40 years, successive US governments have followed a different prescription for growth

 

Catherine Resche (CR) revient sur les visites qu’elle a effectuées auprès d’agents de change au cours de sa thèse, dans les années 1980. « La Bourse était une jeune femme affriolante et maintenant c’est une femme au col dur. »

MVDY souligne le fait que CR et lui ont vécu à l’époque du désenfouissement et ont étudié l’économie sous ce prisme. Il rappelle un article de la presse américaine il y a 40 ans sur les pénuries d’eau, disant « There is no shortage of water, it is just a matter of price », ce qui n’est plus le cas aujourd’hui.

Se pose également la question des étudiants. Ces nouvelles générations, « nées dans la chaudière », ont complètement perdu le sens des anciens enfouissements. Il s’agissait d’hommes d’affaires qui enfouissaient leurs pratiques capitalistiques dans la société. Cela passait certainement pour du paternalisme mais il s’agissait d’un capitalisme soucieux d’un certain enfouissement.

CR parle d’un document de la Global Alliance for Banking on Values (janvier 2021)

CR est partie d’un article de Ph. Philipponat DG de Finance Watch, qui s’est intéressé à l’opposition entre finance réelle et finance virtuelle, pour réaliser que tout le monde n’a pas la même notion de ce qu’est la finance virtuelle (NFT, cryptomonnaies, etc.)

Une Tribune en 2019 dans Les Échos s’intitulait « Comment réconcilier économie réelle et virtuelle ? ». La théorie économique montre que les deux notions sont indissociables. Il existe une notion d’économie effective, par opposition à une économie fictive. Notion de « fake economy ».

La question est celle d’une économie virtuelle contre la création d’emplois ou le soutien à l’emploi. CR prend l’exemple des créations d’entreprise. Lors d’une introduction en bourse, les montants levés par les actions sont directement intégrés au capital de la nouvelle entreprise : les notions de « re rooting » et « re routing » peuvent être utilisées pour envisager cette notion de réenfouissement. On peut également prendre l’exemple de l’immobilier, auquel on reproche souvent sa dimension spéculative mais qui participe tout de même à l’économie réelle (travaux d’aménagement, d’urbanisation, etc.). On peut plutôt parler de facilitateur. Il s’agit de donner à chacun les moyens de comprendre le monde, plutôt que d’alimenter les peurs.

The Economist 7 mai 2020 : dessin de la faille entre Wall Street and Main Street.

 

L’article « Finance et économie réelle des marchés financiers français : une perspective historique » numéro 361 des Cahiers Français est également mentionné.


Pour attirer les collègues, le GT pourrait également s’intéresser à l’économie circulaire.

MVDY appelle à un débat entre investissement et spéculation.

 

  1. GT commun Eco-Gestion / DidASP

-MVDY et Evgueniya Lyu (EL) abordent un article en cours de publication dans ASp 83 au sujet de la transposition didactique, en continuation de leur précédente intervention.

La transposition didactique (TD), telle que présentée dans la collaboration entre les GT est la conséquence d’une théorisation des langues de spécialité par le biais de l’approche intentionnelle. La TD est l’étape finale de cette approche théorique, où le savoir savant produit sur les LSP doit être adapté aux besoins des publics LANSAD. Pour passer de l’intellection à l’action, il y a besoin d’une phase de transition. Il fallait théoriser cette action en cohérence avec le cadre théorique générale dont elle est issue.

MVDY revient sur les 2 grandes parties de l’article : (1) théorie des trois mondes, de l’encyclopédie spécialisée, de l’intentionnalité ; (2) théoriser le processus concret de transposition didactique en LSP dans ce cadre théorique. 2 préconisations générales, 2 préconisations complémentaires.

  1. le cadre didactique doit recevoir un cadre intentionnel particulier, qui détermine l’intentionnalité spécialisée. La préconisation montre que la didactique sert le spécialisé.
  2. Transformer un objet du savoir savant en objet à enseigner. Donner à ces objets une forme aspectuelle qui correspond aux besoins du public.
  3. La TD doit mettre en œuvre les encyclopédies spécialisées
  4. La TD vise à faire acquérir des compétences linguistiques en langue spécialisée.
  5. Il ne faut pas négliger les compétences de langue générale. La définition des LSP est « l’expression du spécialisé dans la langue ». Nous défendons l’idée que pour être un bon spécialiste d’anglais juridique, il faut être un bon spécialiste d’anglais. Il faudrait faire passer le message aux étudiants que s’ils négligent l’anglais général, il n’y aura pas d’interaction satisfaisante avec vos pairs spécialisés.
  6. Nous proposons d’accorder aux apprenants des fonctions / statuts spécialisés qui leur donnent des pouvoirs déontiques, afin de les motiver.

Julie McAllister signale qu’elle part du besoin de ses étudiants en logistique et va ensuite chercher dans les théories en logistique.

Réponse MVDY : pour donner une forme aspectuelle à l’objet en question, il faut effectuer une analyse des besoins. Idem pour l’encyclopédie spécialisée.

Ce que propose cet article, c’est de condenser des éléments qui sont déjà mis en œuvre séparément. MVDY mentionne l’article de C. Sarré et S. Whyte (2016), qui est cité mais suivi jusqu’à un certain point : il manque de liant entre les différentes activités et ce liant ne peut être fait qu’à travers le spécialisé. C’est en cela que la didactique se met au service du spécialisé. Il y a besoin d’un travail de réflexion qui permet de diffuser l’information.

EL signale que parfois, l’enseignant connaît mieux les besoins des apprenants que les apprenants eux-mêmes.

MVDY et EL travaillent actuellement sur les indices boursiers. Ils évoquent la possibilité d’écrire un article pour des enseignants en leur proposant un « catalogue » d’activités sur les indices boursiers en fonction de leur degré de spécialisation. Il s’agirait de produire des fiches méthodiques de transposition didactique afin de montrer un éventail de possibilités (du purement civilisationnel au plus spécialisé).

-Philippe Millot souhaiterait engager une réflexion sur les études de cas de la Harvard Business Review, en anglais des affaires (cf doc en pj) et s’interroger sur la question du positionnement énonciatif.

- Mathilde Gaillard souhaiterait travailler sur la transposition didactique d'un genre spécialisé tel qu'il se réalise dans le domaine de l'économie, notamment les memos/notes de recherche produits par les unités de recherche des banques d'investissement à destination des investisseurs, que les étudiants seront amenés à lire, voire à produire. Ce type de texte semble relever du "macro-genre" du rapport et mobilise des stratégies rhétoriques et une structure similaires à celles des notes publiées par les think tanks à destination des acteurs politiques.