Compte rendu de la réunion du GT Science & Academia du 24 novembre 2014
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Participants :
Shirley Carter-Thomas, Peter Follette, Marie-Hélène Fries, Hélène Laffont, Monique Memet, Philippe Millot, Elisabeth Rowley-Jolivet, Anthony Saber.
La traditionnelle réunion d'automne du GT S&A s'est tenue le 24 novembre 2014 de 16h00 à 18h30.
À titre expérimental, la réunion s'est déroulée par vidéoconférence collective, à l'aide d'une plate-forme « Adobe Connect ». Aucun problème technique n'ayant été noté, cette formule sera reconduite lors d'une prochaine réunion du groupe, envisagée début février 2015, préalablement à la réunion à Bordeaux au mois de mars, lors du colloque du GERAS.
1. Travaux préliminaires sur les brevets (patents) envisagés comme objets spécialisés
Peter Follette propose d'amorcer au sein du GT un travail de recherche collectif sur les brevets rédigés en langue anglaise.
Avant de devenir enseignant-chercheur, Peter fut lui-même rédacteur de brevets, notamment au profit de sociétés de biotechnologie américaines. Peter nous livre tout d'abord des éléments de contexte sur ce type de texte :
- les brevets sont fréquemment déposés concomitamment à la publication d'un article de recherche scientifique, afin de protéger la découverte ou l'avancée décrites ;
- aux États-Unis, ils sont composés d'un « file wrapper » et de documents associés constituant une forme de péritexte ;
- les destinataires de ces textes sont principalement les experts du Patent Office ainsi que les juges amenés à faire appliquer ces brevets lors d'éventuelles procédures contentieuses ;
- il s'agit de documents très techniques, qui sont soumis à de multiples contraintes et comportent de nombreux passages stéréotypés ou « préformatés » (boilerplate language) ;
- leur longueur est très variable (10 à 100 pages, voire plus) ;
- ils comportent deux sections qui sont particulièrement intéressantes pour des chercheurs en anglais de spécialité : « claims » (revendication de propriété intellectuelle) et « background » (éléments de contexte à l'appui de cette revendication) ;
- les « claims » comportent des focales multiples : les premiers claims dans le brevet sont « à spectre large », afin de se prémunir de toute tentative d'imitation ou de détournement de l'innovation décrite, mais les suivants sont aussi parfois extrêmement précis s'agissant de revendications particulières ;
- les justifications apportées se placent fréquemment sur un terrain juridique (législation, jurisprudence) et non uniquement scientifique ;
- la « specification » doit démontrer le caractère nouveau et non évident de l'objet que l'on souhaite breveter ; les rédacteurs doivent s'attacher à explorer l'état de l'art pour démontrer ceci ;
- le brevet fournit normalement une description complète et précise de l'innovation visée, mais peut se montrer aussi assez vague sur certains aspects, afin de ne pas dévoiler des secrets scientifiques ou industriels ;
- le brevet doit montrer que l'innovation peut devenir « ENABLED », notamment par le biais d'une industrialisation ;
- les rédacteurs de brevets ne reçoivent pas forcément de formation formelle à la rédaction de ce type de texte (formation « sur le tas » auprès de collègues ayant déjà rédigé ce type de document).
- Textes mi-scientifiques, mi-juridiques, les brevets présentent donc un intérêt certain par leur hybridité discursive.
Il existe peu de littérature disponible sur les brevets en tant que genres discursifs spécialisés. Plusieurs angles d'analyse paraissent possibles : analyse Swalesienne de la structure de ces textes, analyse du positionnement discursif des auteurs, des procédés de raisonnement , notamment en lien avec les articles scientifiques (mode de pensée plus déductif dans les brevets, plus inductif dans les articles de recherche), modalisation, phraséologie, analyse des moyens non verbaux déployés (graphiques, diagrammes), traductologie (il existe un Office européen des brevets publiant des brevets en plusieurs langues)...
Peter propose de constituer dans un premier temps un corpus représentatif de ce type de texte, afin de mener des investigations en commun ultérieurement.
2. Finalisation du « livre blanc » sur la formation des étudiants scientifiques à l'expression orale en anglais
Les deux précédentes réunions du GT à Cachan et à Aix ont permis d'avancer en vue de rédiger un « livre blanc » sur la formation des étudiants scientifiques à l'expression orale en anglais (exposés, communications en colloque). Il convient de continuer à rassembler des documents de référence utiles en vue de rédiger ce texte.
Ce document sera organisé en quatre sections, dont la rédaction est confiée à des membres du GT dans le cadre d'un travail collectif :
- Section 1 (Elizabeth) : le découpage d'un exposé ou d'une communication (introduire, baliser son propos, expliquer les diapositives projetées, conclure, gérer les questions de l'auditoire) ;
- Section 2 (Anthony) : les bonnes pratiques à l'oral ;
- Section 3 (Peter) : exemples d'exercices et d'activités ;
- Section 4 (Philippe) : pratiques d'évaluation.
3. Questions d'épistémologie
Anthony Saber propose que le GT S&A prenne l'initiative en matière d'épistémologie des notions-clés de l'anglais de spécialité ; si la publication d'un « dictionnaire de notions » semble difficile, car les éditeurs n'ont pas donné suite à des contacts initiaux pris par Anthony, la rédaction en commun d'un glossaire de nature encyclopédique pourrait amorcer une réflexion épistémologique qui, pour l'instant, fait souvent défaut dans la recherche en anglais de spécialité. Certes, comme l'observe Elizabeth, certaines notions-clés sont déjà bien définies dans des articles de recherche, des ouvrages, ou des manuels de référence récemment publiés (notamment The Handbook of English for Specific Purposes, ouvrage dirigé par Brian Paltridge et Sue Starfield).
Pour autant, ces définitions sont dispersées dans plusieurs supports, et sont donc peu disponibles pour des jeunes collègues qui souhaiteraient « entrer » dans l'anglais de spécialité. De plus, les définitions de concepts sont souvent rédigées par des auteurs anglo-saxons, ce qui ne permet pas de prendre en compte les apports des chercheurs francophones en anglais de spécialité.
Anthony Saber propose d'avancer dans cette réflexion en rédigeant à titre expérimental quelques rubriques d'un glossaire qui pourrait être consacré aux notions-clés de la recherche en anglais scientifique. Les collègues intéressés proposeront une rédaction provisoire de ces rubriques peu avant le colloque du GERAS (donc début mars), ce qui permettra d'évaluer la pertinence et la faisabilité d'un projet plus ample impliquant éventuellement d'autres membres et d'autres GT du GERAS.