Groupe de Travail LEA LSP

Compte rendu de la réunion du 29/09/23, 16h-18h

Réunion en ligne

Présent.e.s : Harry Bevan, Audrey Cartron, Laurence Harris, William Kelleher, Evgueniya Lyu, Caroline Peynaud, Adam Wilson.
Excusée : Sophie Doulut, Boris Monachon

Excusé.es : Sophie Doulut, Boris Monachon

Adam Wilson ouvre la séance à 16h avec un rapide tour de table.
Le GT a décidé de s’intéresser à des articles portant sur le sujet de la traduction en LEA. 5 participants ont choisi des articles à présenter parmi ceux qui sont répertoriés dans la bibliographie Zotero.
https://www.zotero.org/groups/4638669/bibliothque_partage_lea_lsp

Audrey Cartron :


Lavault-Olléon, Élisabeth. 1994. « Former des étudiants LEA à la traduction technique et scientifique : un défi didactique ? » ASp, nᵒ 3 (février): 65‑82. https://doi.org/10.4000/asp.4238


Cet article pose la question de la place de la traduction, de son intérêt, de la nature des exercices à proposer dans un enseignement de traduction à partir de la description d’une formation en traduction spécialisée à l’ancienne université Grenoble 3. Elisabeth Lavault-Olléon (ELO) propose un cadrage théorique qui s’appuie sur l’approche communicative de la traduction : la traduction n’est pas la simple transposition d’un texte A en texte B mais un acte de communication qui consiste à transmettre de l’information. Elle implique donc plusieurs étapes :


-    Interprétation du texte avec prise en compte de la situation d’énonciation
-    Déverbalisation du texte (ne retenir que le sens)
-    Restitution dans la langue cible


L’article présente les supports utilisés : documents techniques (notes, manuels…) et articles de recherche. Ce sont des supports déstabilisants pour des étudiants en LEA en raison de l’opacité du sujet.


ELO dégage 4 étapes du processus d’apprentissage de la traduction spécialisée via un certain type de support :


-    Texte de base (recette de cuisine) pour comprendre la situation de communication et l’adaptation au destinataire + se familiariser avec la terminologie, la phraséologie et les codes rédactionnels
-    Modes d’emploi d’appareils non courants en France à l’époque (très mauvaise traduction à améliorer, puis demander de traduire et comparer avec une bonne trad) → nécessité de remonter à l’objet lui-même, même de manipuler l’objet, remonter au concepteur et à l’utilisateur pour garantir la qualité de la traduction et de mener des recherches terminologiques. Il faut ensuite valider la traduction en la testant sur un utilisateur.
-    Texte scientifique ; article → trouver des solutions pour surmonter les difficultés terminologiques.  
-    Approche « brutale » : traduction d’un article en entier dans un domaine inconnu → se former à la méthodo recherche documentaire, échanger avec spécialistes du domaine, méthodo rédaction, mise en page, faire un glossaire.


Conclusions : ce type de méthode représente la valeur ajoutée des étudiants LEA sur le marché du travail.


Discussion :
-    L’article présente des pistes pertinentes à explorer, il y a encore des efforts à faire 30 ans après
-    Il se concentre beaucoup sur opacité de la terminologie avec seulement quelques remarques sur le public cible. D’autres éléments à voir : structure, rhétorique, objectif communicationnel.
-    Recours aux supports scientifiques ? D’autres documents spécialisés pertinents ?


Les discussions soulèvent la difficulté d’identifier ce qui représente un texte spécialisé dans certaines formations. A Paris 3, des textes médiatiques sont utilisés comme textes spécialisés (P3).


Une difficulté en LEA : concilier les aspirations de différents étudiants, en traduction ou dans d’autres domaines, qui ont différents centres d’intérêt.


Les étudiants, quelle que soit leur spécialité, seront amenés à traduire parce que la maîtrise des langues est leur spécialité.


Lien de William : https://nouvelles.univ-rennes2.fr/article/termineau-cours-langues-sur-leau

Evgueniya Lyu


Narcy-Combes, Jean-Paul. 2021. « LEA/LANSAD : Convergences/Divergences – Synthèse des travaux ». Recherche et pratiques pédagogiques en langues de spécialité - Cahiers de l'APLIUT, nᵒ Vol. 40 N°2. https://doi.org/10.4000/apliut.8368


Cet article est une synthèse de plusieurs communications sur les approches de la traduction, qui soulignent toutes le manque d’adaptation des enseignements de traduction aux besoins des apprenants actuels. L’approche de la grammaire via la traduction est une pratique ancienne qui domine encore mais qui a tendance à frustrer les enseignants.


L’article souligne l’idée de centrer les formations sur la parole ou le discours, sur l’apprentissage par l’action, l’approche par tâche. Il pose la question de la pertinence de la traduction pour l’apprentissage de la langue.


Léchauguette, Sophie. 2021. « Pour un enseignement hybride en version ». In Enseigner la traduction dans les contextes francophones, édité par Tiffane Levick et Susan Pickford, 47‑68. Artois Presses Université. https://doi.org/10.4000/books.apu.26205


Le chapitre souligne l’écart entre les compétences professionnelles à acquérir et les méthodes d’enseignement de la traduction.  


Les enseignements de thème / version visent l’application des connaissances grammaticales. Mais d’autres compétences seraient utiles pour l’insertion professionnelle, notamment compétences rédactionnelles ou compétence documentaire (documents interdits pendant les évaluations)


La consigne « traduire l’extrait suivant » est trop vague pour être un objectif pédagogique réaliste.


Deux objectifs d’opposent : la traduction pour l’apprentissage de la langue vs la traduction dans la dimension communicationnelle


Discussion :


La traduction peut viser une sensibilité linguistique / métalinguistique parmi d’autres activités.


Un des problèmes consiste à proposer des corrigés figés et de travailler avec des groupes trop nombreux qui ne permettent pas une approche dynamique de l’exercice.


Il serait intéressant d’aborder la question des parcours des enseignants. Les enseignants ne sont pas forcément formés aux problématiques de LEA.

William Kelleher


Lenzen, Thomas. 2008. « Traduction spécialisée ou spécialistes de traduction ? » Recherche et pratiques pédagogiques en langues de spécialité - Cahiers de l'APLIUT, nᵒ Vol. XXVII N° 1 (février): 60‑68. https://doi.org/10.4000/apliut.1546


L’article pose les questions suivantes :
-    Qu’est-ce que la traduction spécialisée ?
-    Qu’est-ce qu’un spécialiste de traduction ?
-    Quel est le positionnement de la filière LEA ?
-    Quelles orientations peuvent être envisagées pour l’avenir ?


Il pose la question d’approches méthodologiques communes entre les activités d’enseignement et d’apprentissage, les sujets de recherche, les pratiques professionnelles et la recherche spécialisée de la LEA.


Pour Marlies Whitehouse, les textes ont une fonction très précise. Il faudrait amener vers la LEA des professionnels des domaines très spécifiques pour parler de différentes contraintes professionnelles, par exemple, spécialiste du sous-titrage.


La question de l’intervention de professionnels et leur apport est posée et l’exemple de l’enseignement de la traduction audiovisuelle à Metz est évoqué.

Adam Wilson


Arroyo, Encarnación. 2008. « L’enseignement de la traduction et la traduction dans l’enseignement ». Recherche et pratiques pédagogiques en langues de spécialité - Cahiers de l'APLIUT, nᵒ Vol. XXVII N° 1 (février): 80‑89. https://doi.org/10.4000/apliut.1562


L’article souligne que la traduction est partout dans l’enseignement mais demande si cette pratique est adaptée pour apprentissage ou enseignement d’une langue.


Les compétences requises sont le déchiffrement, la production, le contrôle ou la relecture.


Dans l’enseignement-apprentissage des langues, il faut analyser les besoins des apprenants, développer des savoirs, savoir-faire, savoir être et savoir apprendre, créer un utilisateur compétent et expérimenté de la langue (qui ne correspond pas nécessairement au modèle natif).


La traduction professionnelle s’oppose à la traduction pédagogique (utiliser la traduction comme support pour un objectif métalinguistique). Dans la tradition française, la traduction est la seule méthode pour l’apprentissage des langues. Puis on va plus vers une analyse contrastive. L’approche communicative consiste à recouper des signifiants entre les langues, parfois de manière approximative.


La traduction est également souvent vue comme un moyen d’apprendre du vocabulaire.


Discussion


Il est important de multiplier les activités différentes pour ne pas se limiter à la traduction pour développer la sensibilité linguistique. Les étudiants ne sont pas forcément réceptifs à la linguistique enseignée de manière théorique et la traduction peut donc constituer une activité pratique, parfois ludique, avec des objectifs à la linguistique et/ou au développement de compétences à la fois dans la langue cible et dans la langue source.  


Il est proposé de poursuivre sur ce sujet lors de la prochaine séance du GT en mars.


La séance est close à 18h.